Extrait de mon livre "apologie de l'imposture"
Nous vivons dans un monde merveilleux. Sa biodiversité est improbable. C’est le paradis. Nous avons tout pour être heureux. Au moment où nous naissons, nous ne pouvons imaginer la beauté et la richesse qui nous entour. Nous vivons dans une bulle, une pellicule protectrice empêchant certaines ondes et particules de l’univers, de mettre fin à ce microcosme qu’est la terre. Nous vivons sous la gouvernance des lois universelles, elles seules ont le pouvoir de nous réduire à néant. il existe à peu près 8 millions d’espèces sur cette terre, elles s’équilibrent toutes plus ou moins. Certaines espèces disparaissent, laissent la place à d’autres en quelque sorte. Celle qui parait d’après nous, le plus en danger, c’est celle qui nous défini, l’espèce humaine.
Nous avons tendance à nous demander comment en sommes-nous arrivé là mais ça n’a pas la moindre importance. Néanmoins, une partie d’entre nous sont obsédés par cette question. Cette question, comme toutes celles que nous pouvons nous poser à propos de l’existence, sont des impostures totales. Malgré tout, ces impostures nous permettent d’approcher les lois de l’univers car c’est par notre propre imposture que nous arrivons à lutter contre l’imposture collective.
L’imposture collective, c’est un tout. C’est notre passé ; on nous enseigne ce que certaines personnes rayonnantes, avec un réseau puissant, ont su figer dans le temps et imposer par les énergies humaines. C’est notre présent ; jour après jour, nous ajoutons de nouvelles couleurs au masque que nous transmettons aux générations suivantes. C’est notre avenir et c’est le thème de cette première partie.
A partir du moment ou quelqu’un prend position vis-à-vis d’une imposture, elle se matérialise et parait plus concrète. C’est en quelque sorte son but. A force d’impostures matérialisées, c’est l’imposteur qui devient une source fiable, on lui fait confiance, il devient référent.
On prendra alors à témoin l'envoyé de Dieu et non Dieu lui-même. La foi a toute son importance, l'énergie humaine en découle. Plus l'imposteur croira dur comme fer en son positionnement et plus l'imposture paraîtra réelle.
L'imposture est un moyen d'exister, au-delà de l'argent et de la considération sociale. L'imposture débute au sommet de notre pyramide de pouvoir. Afin de préserver la posture d'un seul homme de pouvoir, c'est tout le pouvoir qui bascule dans l'imposture. Dès lors, tout ne peut tenir qu'à cela. Le jour où l'ensemble du pouvoir se rend compte de la supercherie sur laquelle repose l'existence de ce même pouvoir, il est bien trop tard.
Un bon imposteur fait rapidement des adeptes. Il peut proposer des choses nouvelles, des choses excitantes. Ses adeptes renforceront son imposture, ne serait-ce que par leur soutien affiché.
Une bonne imposture peut tout autant créer une énergie, qu'en détruire une.
Prenons un imposteur martyre en exemple. Nous prendrons Raël. Cet imposteur est facilement admis en tant que tel. Il s'appelle Claude Vorilhon, il est né juste après le seconde guerre mondiale et passa son enfance en Auvergne. Des années plus tard, il monte à Paris. Enviant la réussite de Jacques Brel, il décide de faire carrière dans la chanson, en reprenant le créneau du célèbre Belge mais dans les années 70, tout s'arrête, suite au suicide de son producteur.
Il crée alors une revue de sport automobile mais le choc pétrolier et l'interdiction des compétitions sportives le font couler. Qu'à cela ne tienne, Claude a un plan, quelques jours après l'annonce de cette interdiction, il décide de s'embrayer dans une nouvelle brèche, celle des OVNI.
Cela fait quelques temps que les médias font la course à l'OVNI, de nombreux témoignages révèlent que des Objets Volants Non Identifiés se laissent voir dans le ciel, notamment en France.
Claude décide donc de profiter de cette occasion pour annoncer qu'il a rencontré les êtres célestes.
Fort d'un réseau médiatique et connaissant parfaitement les ficelles du métier, il propage la bonne parole que lui ont transmit les E.T. sur les plateaux télé, alors très friands de ce genre d'interviews décalées.
Il écrit alors « Le livre qui dit la vérité » et fonde les prémices du mouvement raélien.
Le mouvement Raëlien pourrait compter plus de 60000 adeptes dans le monde selon ses dires.
Imaginons à présent que Raël ait créé son mouvement avant JC. Qui serions-nous capables de prier aujourd'hui ? Il y a de quoi bousculer notre foi.
C'est bien là tout le problème avec une bonne imposture, elle ne fera que répondre à une attente, c'est en quelque sorte nous-même qui la construisons indirectement et sans le savoir bien-entendu.
Si l'imposture est bancale, l'imposteur devra redoubler de force de conviction pour arriver à imposer le besoin de participation d'autrui, cependant, une fois l'imposture acceptée, on s’appuiera dessus pour en développer de nouvelles.
Ainsi, nous avons une véritable arborescence virtuelle, qui en vient à nous définir.
Comble de l'imposture, une fois qu'elle est admise comme étant fondamentalement une vérité, tout contre-pouvoir qui tente de s'opposer à la vérité que l'imposture a fait naître, sera traité entant qu'imposteur. C'est celui qui s'oppose à l'imposture qui sera perçu comme un imposteur.
Notre sur-imposteur, désireux de combattre l'imposture, se retrouve seul, face à tout les gens ayant prit part à l'imposture devenue alors, collective. Chaque contradicteur, sera alors en position de déviant et il sera assez simple de le décourager dans sa lutte.
Bien entendu, ce qui vaut pour l'homme, ne vaut pas forcément pour les machines, en l’occurrence, au sein de l'immense imposture qu'est internet, les impostures humaines font pâle figure, et pourtant, une technique bien célèbre, voire essentielle dans le monde du hacking, c'est l'ingénierie sociale.
Cette technique est la base d'un bon piratage sur individu mais aussi sur un groupe d'individu. Elle consiste à tirer un maximum d'informations de la part de sa cible, ou de son entourage proche, par le biais de moyens de communications tels que le courrier postale, le téléphone, le mail ou encore les réseaux sociaux.
Pour que cette technique fonctionne correctement, il faut tout d'abord tenter de connaître un maximum sa cible, sans prendre contact avec elle directement, puis, dans un deuxième temps, utiliser le peu de ressources que l'on a sur sa cible, pour tirer beaucoup plus d'informations.
Tout est permis pour trouver des renseignements et tout est permis pour mystifier sa cible. Les spécialistes de cette technique n'hésitent pas à se faire passer pour les plus hautes autorités suivant la hiérarchie qu'ils affrontent, reprendre les champs lexicaux et le ton adapté aux requêtes qu'ils émettent à la cible.
L'imposteur haut de gamme se protège lui-même, il joue une partie d'échec, là où vous ne jouez pas du tout. Il est seul à savoir où il veut en venir et c'est la faille essentielle sur laquelle il joue. De plus, si ça ne marche pas d'une manière, il essayera par d'autre moyen, jusqu'à ce que l'on cède sous la charge autoritaire que l'on se voit assénée.
Malheureusement pour nous, nous sommes dans la posture, nous sommes coincés, nous devons nous justifier car le bénéfice du doute sert toujours l'attaquant. Sa force de conviction provient notamment du fait qu'il est dans l'imposture totale et que nul ne peut l'atteindre. Il utilise des systèmes d'anonymisations quasiment infaillibles et nous avons très peu de chance de pouvoir le tracer, si toute fois, nous nous sommes rendu compte d'avoir été attaqué. Car c'est là toute la perfidie des failles de notre système, nous ne pouvons jamais être véritablement sûrs que celui qui s'adresse à nous représente réellement ce qu'il semble représenter.
Que cela soit sur internet ou dans la vie réelle.
De plus, l'internet offre une voie d'imposture immatérielle à quiconque décide d'y consacrer un minimum de temps.
D'un point de vue analogique, historiquement, c'est en 1996 que l'on touche à une vérité universelle grâce au physicien Alan Sokal.
Souhaitant se faire un point de vue vis-à-vis d'une revue scientifique postmoderniste, il décide d'écrire un article portant le nom suivant « Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformatrice de la gravitation quantique ». Dans le texte, il cite Bohr, Heisenberg, Kuhn, Feyerbend, Latour, Lacan, Deleuze, Guattari, Derrida, Lyotard, Serres ou Virilio, mais ce n'est pas forcément l'essentiel dans cette histoire car le plus important est qu'il flatte le postmodernisme en prenant position en sa faveur.
La rédaction, très enthousiaste à l'idée d'avoir les faveurs d'un futur physicien de renommée internationale publie l'article, le seul soucis est qu'il ne veut strictement rien dire.
« En somme, j'ai écrit intentionnellement l'article de telle manière que tout physicien ou mathématicien compétent (ou un étudiant en physique ou en maths) se rendrait compte qu'il s'agissait d'une parodie. Il est clair que les éditeurs de Social Text n'ont pas été gênés de publier un article sur la physique quantique sans se préoccuper de consulter qui que ce soit de compétent dans le domaine. »
L'affaire Sokal, comme on la nomme, prouve que la presse spécialisée ou non, sous pression budgétaire ou pas, soumise aux lois de la productivité ou sous la main mise de certaines organisations ou communautés, peut perdre sa propre souveraineté de rédaction.
La presse et les médias analogiques en général, eux-mêmes, travaillent et tirent leurs sources par le biais d'internet. Que cela soit par email, par conversations chiffrées ou même via les réseaux sociaux.
Comment font-ils alors pour vérifier leurs informations ?