Tout le monde a entendu parler ces derniers mois du mouvement indépendantiste Catalan. Le sujet n’est pas nouveau mais il a pris une dimension Européenne voire internationale avec la répression policière du 1er octobre puis le départ du président de la Generalitat de Catalogne, Carles Puigdemont à Bruxelles.

Dans un contexte conflictuel et de menaces de difficultés économiques à venir que des élections décidées par le gouvernement central se sont déroulées le 21 décembre 2017 et qui ont données les résultats que l’on sait. L’après élection à mis le focus sur un projet apparu comme une réponse sarcastique des non indépendantistes Catalans, réponse qui a rencontré un écho probablement inattendu d’abord dans les réseaux sociaux puis dans la presse nationale et internationale : Tabarnia.

Comme tout projet sous les feux de l’actualité et avec des conséquences politiques évidentes il n’est aisé á appréhender dans sa globalité mais on peut essayer d’en tracer les grandes lignes.

Tabarnia c’est quoi ça ?

La question c'est plus : c'est où ? Tabarnia est une région qui n’existe pas, un néologisme formé par le nom des deux provinces de Barcelone et Tarragone. Pour les instigateurs du projet, cette entité géographique est différente du reste de la Catalogne et se caractérise par le fait que son vote est majoritairement défavorable à la sortie de la Catalogne de l’Espagne.

L’idée devient alors limpide, pour finir avec les difficultés causées par cette opposition entre pour et contre l’indépendance, il faut se séparer de la Catalogne soit en créant une nouvelle communauté autonome Espagnole soit en se rattachant à une existante. La réaction des leaders indépendantistes vient donner du sens au projet, « s’ils argumentent c’est qu’ils sont inquiets » pouvons nous lire ci et là.

A partir de là les idées fusent et envahissent les réseaux sociaux. Les internautes ne manquent pas d’imagination : drapeaux, slogans, affiches, propositions en tout genre, cartes à l’appui l’histoire avance. Tabarnia devient un des sujets les plus recherché sur Google durant une journée. On sent de l’espoir dans cette frénésie de participants mais le ton de certaines discussions rappelle rapidement à la réalité.

Tabarnia, d’où ça sort ?

L’idée est lancée par une plateforme appelée « Barcelone is not Catalogne « également connue sous le nom de Plateforme pour l’autonomie de Barcelone (http://www.bcnisnotcat.es). La date de lancement varie quelque peu selon les sources mais peu importe.

Une pétition lancée fin décembre à aujourd’hui dépassée les 200 000 signatures : Tabernia La nouvelle communauté autonome (https://www.change.org/p/grupo-parlamentario-popular-en-el-congreso-tabarnia-la-nueva-comunidad-aut%C3%B3noma?recruiter=799488163&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink&utm_campaign=share_petition&pt=AVBldGl0aW9uAApUxAAAAAAAWkKbMCyGEPowZTYwZDgzYQ%3D%3D).

Pas de soutien politique public à ma connaissance mais certains se sont fait un plaisir de diffuser et commenter l’information ce qui n’a pas manqué de faire réagir l’autre camps.

Tabarnia, quels arguments ?

Les instigateurs du projet ont crée leur argumentaire avec beaucoup d’humour reprenant point par point les arguments des indépendantistes Catalans en les retournant contre eux:

• Le droit des peuples à décider, on veut un référendum … pour sortir d’une éventuelle Catalogne indépendante ;
• On avait le fameux « l’Espagne nous vole » retourner en « La Catalogne nous vole » puisque le territoire de Tabarnia génère plus de richesses que les zones rurales ;
• Le vote d’un Barcelonais vaut moins que celui d’un habitant d’une autre partie de la Catalogne ;
• .../...

Conclusion provisoire !

Sommes-nous devant une réplique intellectuelle et humoristique, une façon de motiver les troupes anti indépendantistes moins actives ces dernières années que leurs voisins ? Probablement, à l’origine, mais qu’est-ce que cela va devenir ? Le mouvement ne semble pas organisé, les leaders en sont discrets me semble t-il mais si on suit les réseaux sociaux, les publications diverses on sent que nombreux sont ceux qui prennent l’idée au sérieux. Récemment on a entendu parler d’une possibilité de mouvement équivalent dans l’île de Majorque entre les habitants de Palma et ceux des villages.

Espérons pour nos voisins, ne pas se trouver devant un phénomène qui entraînera encore et toujours plus de fracture sociale et dont seuls les politiciens de tout bord, tireront, comme ils savent si bien le faire, leur épingle du jeu.