La Corée du Sud veut bannir les plateformes d'échange
En Corée du Sud, le gouvernement souhaite durcir la régulation concernant les crypto-monnaies après la faillite fin décembre d'une plateforme d'échange suite à un piratage. Ce tour de vis interdirait aux banques d'investir dans ces actifs, et forcerait la fermeture des plateformes d'échange.
Dans le domaine des crypto-monnaies, tout évolue très vite. Non seulement de nouveaux usages de la blockchain sont imaginés tous les jours ou presque, mais l'encadrement juridique de cette technologie mute régulièrement et fréquemment tout autour du monde.
Une plateforme tombe et le monde change...
Pendant la trêve des confiseurs, c'est en Corée du Sud que les mouvements les plus amples ont pu être observés. Le 19 décembre dernier, la plateforme d'échange Youbit annonçait à ses utilisateurs qu'elle avait été victime d'un piratage, qui a permis à ses assaillants de repartir avec environ 17 % de ses actifs et que par conséquent, elle était contrainte de déposer le bilan.
Le montant exact du préjudice n'est pas connu. C'est par ailleurs le deuxième piratage que subit la plateforme. En avril 2017, environ 4 000 bitcoins y avaient été dérobés lors d'une attaque qui aurait été orchestrée par une agence d'espionnage nord-coréenne.
Comme l'indique Reuters, en attendant une résolution définitive du problème, les utilisateurs de Youbit, qui n'était qu'un acteur mineur sur le marché coréen, ont tous pu retirer 75 % des actifs qu'ils avaient laissés sur la plateforme. Youbit explique vouloir « faire son maximum pour réduire la perte de nos membres à moins de 17 % grâce à plusieurs méthodes, dont des assurances et en vendant les actifs de l'entreprise ».
Séoul tape du poing sur la table
Si les pertes pour les clients de la plateforme devraient rester limitées, le gouvernement sud-coréen ne souhaite pas que ce genre d'évènement se reproduise à l'avenir. Or, avec le bannissement des plateformes d'échange de crypto-monnaies en Chine, la Corée du Sud est devenue un refuge pour les chinois qui souhaitent transformer leurs bitcoins ou leurs ethers en monnaie sonnante et trébuchante.
Au troisième trimestre 2017, environ 10 % des échanges entre bitcoins et monnaies fiduciaires dans le monde s'effectuaient en wons. En ce qui concerne Ethereum, la première monnaie de sortie est également le won, pour 37 % des échanges, loin devant le dollar américain (29 %) et le bitcoin (19,5 %).
Dans ce contexte, les déclarations du premier ministre Lee Nak-Yon, relayées par le Wall Street Journal, n'ont été accueillies que fraîchement par la communauté des utilisateurs de monnaies virtuelles. Il estime que l'intérêt grandissant pour Bitcoin et ses alternatives provoque une « surchauffe irrationnelle de la spéculation sur les crypto-monnaies ». Un « phénomène biaisé et pathologique », auquel il entend bien mettre un terme.
Des paroles aux actes
Le gouvernement entend donc taper du poing sur la table. Le ministère de la justice travaille ainsi sur l'élaboration de lois qui mèneraient à la fermeture de l'ensemble des plateformes d'échange de crypto-monnaies installées dans le pays. Seule inconnue : la date à laquelle ces lois seront prêtes, et mises en application, ce qui devrait tout de même réclamer au moins quelques mois.
Mi-décembre, les autorités coréennes avaient d'ailleurs déjà serré la vis dans d'autres domaines. Lors d'une réunion d'urgence, le gouvernement avait indiqué que les bénéfices issus de l'achat et de la revente de crypto-monnaies seraient taxés de la même manière que ceux issus du capital. Par ailleurs, les banques et les autres entreprises du secteur financier ont depuis interdiction de détenir, d'acquérir et d'investir dans ce type d'actifs.
Bitcoin perd du terrain
Bien qu'il soit périlleux de lier directement et exclusivement ces évènements à la chute du cours du bitcoin fin 2017, la coïncidence reste à noter. À la veille de l'annonce du piratage de Youbit, le bitcoin s'échangeait à environ 18 900 dollars, avant de chuter à 16 400 dollars le lendemain.
Le 28 décembre, date des annonces du gouvernement sud-coréen sur la fermeture future des plateformes d'échange dans ses frontières, le bitcoin s'échangeait encore à plus de 14 400 dollars. Deux jours plus tard, le cours tombe à 12 700 dollars, avant de remonter au moment où nous rédigeons cette actualité à environ 13 670 dollars.