Les Jours Sans Ailes • Partie 1 • Chapitre 1

in #roman6 years ago (edited)

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Avertissement : ce roman est librement inspiré d'une histoire vraie. Pour des raisons de protection et de respect de la vie privée, les prénoms sont fictifs.

chapitre 1 • Le 13 juin


C’est une pure journée d’été. Etouffante à souhait en plein Paris. Cette semaine aura été définitivement chargée. J’organise pour la quatrième fois une exposition photo éphémère et celle ci est un peu un point d’orgue avec de nombreux talents. Le public est bien présent dès le matin et j’enchaîne les soirées. Nico est venu comme d’habitude dormir à la maison. Et ce soir promet d’être encore chargé car j’en héberge un de plus. Les Echappees Belles, c’est un peu ça aussi.

Dans la galerie, un des auteurs revient d’un vernissage qui se situe juste à côté. Rien de folichon clame le revenant mais des gens qui sont dans nos contacts et puis surtout la bonne nouvelle: le mojito coule à flot… Il ne faut pas longtemps pour que la petite bande, Nico, Marco, Yvon et moi décidions d’aller y faire un tour également. Pour la forme, j’ai pris un appareil. L’ambiance est à la rigolade. L’idée du mojito va venir compléter notre apéro punch, déjà largement entamé!

Nico indique qu’il fermera la galerie en revenant et nous déboulons sur le macadam. C’est en effet très proche car sitôt passé la Repu, nous sommes dans cette petite rue étroite bardée de petits restaurants. Au loin un attroupement. L’adresse de destination incontestablement. Evidemment, avec ce que l’on a bu, nous avons dépassé le stade de l’euphorie et personne ne peut ne pas nous avoir remarqué. Les Echappées Belles iront dormir chez vous! Version hardcore et à quatre!

En effet, le mojito est le cocktail de la soirée car nous n’avons pas encore franchi le seuil du petit resto qui accueille l’exposition que j’ai déjà mon verre. Mes trois compères également. Et comme tout le monde connait notre pédigrée, nous jouons clairement les stars. Marco et moi surtout. Nico et Yvon jouent les gardes du corps. Soudain, je l’ai vue. Qui? Mais elle! Elle, là, appuyée sur le mur, en retrait de l’attroupement. Une petite brune au regard piquant. Le maquillage des yeux n’y est pas pour rien d’ailleurs. Elle est toute petite. Toute mimi aussi. Bref, je l’ai vue. Et plus rien ne m’intéresse. Qui est-elle? D’où vient elle? Célibataire?

Forcément à 40 ans, sans attache sérieuse, la possibilité d’une rencontre ne m’avait pas échappé. Mais pas ce soir. Moi, j’étais venu innocent pour le coup. Et pim, c’est le moment que choisit cette grande blagueuse qu’est la vie pour me présenter l’élue. L’élue? Ah, j’en suis déjà là? Au plus profond de moi, je sais que c’est le cas et comme pour chaque coup de foudre, je vais annihiler mes peurs et fondre sur ma proie. Pour le moment, elle a l’air de se faire profondément chier, sans plus mais un peu quand même. Une amie commune discute avec elle. Non seulement la vie me projette la femme mais me fournit l’entremetteuse.

La sauterelle s’écarte de ma cible pour revenir dans l’arène et je la félicite pour son exposition. Elle est ravie de mon compliment et me demande comment j’ai trouvé sa série. Là il faut du génie pour briller quand tu n’es même pas rentré dans le bouiboui. Mais je m’en sors à merveille en lui suggérant de candidater pour les prochaines Echappées Belles… La belle rayonne mais je ne compte pas m’arrêter là et je lui demande qui est cette douce amie à qui elle vient de parler. Elodie? Ah Elodie, c’est une de ses meilleures amies, sa protégée en quelque sorte. Jeune mais très mignonne en effet et efficace au boulot, elle peut en attester. J’ai décidément du bol aujourd’hui, je regrette même un instant de ne pas avoir joué au loto!

Hors de question de lâcher une telle source de renseignements. En moins de deux minutes, j’ai déjà son prénom, ses 25 ans et son parcours amoureux… Elle a été très amoureuse mais là, elle est célibataire. Célibataire mais sur le départ. Et je n’ai toujours pas fait le premier contact. Il est grand temps de passer la surmultipliée. La grande sauterelle m’a demandé si on restait dîner avec les photographes exposés et je m’empare de l’occasion pour lui indiquer que ce serait chouette que sa petite protégée reste avec nous. Amusée par ma spontanéité, elle m’indique qu’elle s’en occupe. Je peux aller savourer un autre mojito.

Ma pause cocktail va être de courte durée. Notre hôte me fait un signe de la main pour la rejoindre. L’élue est avec elle évidemment. C’est le moment de ne pas flancher. La belle enfant esquisse un sourire à mon approche. Mon intermédiaire m’indique que la miss n’avait pas prévu de rester dîner mais qu’elle grignotera. Premier échange donc. Je lui garantis de veiller sur sa protection et l’intime de ne plus me quitter à moins d’un mètre. On ne sait jamais avec tous ces bonobos en liberté. Elle rit. Mon culot l’a fait rire. Son sourire me dévoile ses petites dents… tout est petit chez cette petite brunette à la peau méditerranéenne et aux cheveux noirs. J’ai déjà envie de la croquer…

Enfin seuls, nous passons le seuil du restaurant. Je m’approche de son oreille et lui confie que je n’ai toujours pas visité l’expo. Clin d’oeil complice. Elle m’avoue que je n’ai rien perdu, elle est strictement venue pour la première de son amie. Je lui propose donc d’en faire une visite au hachoir. Et si les oeuvres ne valent rien, nous nous escrimons à leur trouver un talent. Elle rit de mes remarques acerbes : Tu vois si on oublie la composition, et qu’on ne fixe que le coin blanc en haut à droite… on s’évade avec force. Elle éclate de rire. Elle en rajoute: « C’est dommage qu’il n’y en ait pas plus d’ailleurs ».

La tablée s’est organisée pendant notre escapade critique et nous rejoignons le groupe en bout de table. Je n’ai pas faim et elle non plus. Son portable vient de sortir. Un vieux coucou qui lui signale un message. Elle quitte la table pour y répondre et fumer une cigarette. Mince! Je ne l’avais que pour moi et l’oiseau s’est envolé en un instant. Son sac est là… Elle ne peut que revenir. Incroyable tout de même cette sensation de vide que j’ai ressenti quand elle s’est éloignée… décidément, depuis que je l’ai vue, je maîtrise la situation mais mes émotions sont en roue libre.

La petite fée revient parmi nous et je reprends le lead. Elle rit facilement de mes blagues et mes histoires. Nous laissons nos deux assiettes pleines. Les autres n’existent plus. Un peu comme dans une bulle. Je lui parle souvent à l’oreille pour lui voler son parfum. Il est totalement nouveau et addictif. Il lui correspond bien d’ailleurs. Tout aussi spontanément que pour son premier départ, elle quitte la table et va fumer de l’autre côté de la rue. Il est hors de question de laisser un quelconque espace libre et je la rejoins.

D’après Marco et Nico, la conversation sur le trottoir va durer trois heures. Je continue de la faire rire, usant de toutes les situations pour faire un mot. Elle m’écoute avec beaucoup d’attention et nos regards ne cessent de se croiser. Les siens plus à la dérobée. Soudain, elle me demande l’heure. Il est minuit passé. La belle s’inquiète du dernier métro. Je lui fais remarquer que c’est au contraire une chance. Interloquée, elle veut en savoir plus et je lui dis imperturbable que je l’emmène visiter notre galerie à la bougie et champagne et que bien entendu mon chauffeur la déposera chez elle après. Là, j’ai marqué trois points d’un coup. Elle minaude un peu, mais c’est un grand oui.

Il me reste à convaincre mes compères de mon projet. Marco trouve ça très drôle et propose de faire le chambellan et le sommelier. Yvon est médusé de mon audace et ne dit rien. Nico me regarde de travers. Certes, il doit retourner à la galerie pour récupérer ses affaires, certes, il est mon chauffeur ce soir, mais d’ici à jouer les taxis… La négociation ne dure pas bien longtemps. Et nous voilà repartis vers l’Espace Beaurepaire.

Elle marche au milieu de notre petite troupe, plutôt à l’aise. Je commence à me demander quand je vais oser l’approcher et l’embrasser et cette idée me tétanise… Une tétanie momentanée car la visite de la galerie a bien lieu et elle voit de belles choses. Nous prenons notre temps. Nous sommes déjà un petit couple. Avec Marco qui nous suit fidèlement, champagne à la main pour s’assurer que nos verres ne soient jamais vides. La petite visite privée dure deux heures et ce n’est que sous la complainte répétée de Nico et d’Yvon que nous fermons définitivement la galerie.

Me voilà donc seul avec elle sur le trottoir. Je l’ai convaincue de revenir samedi avec sa soeur pour faire des photos studios. Elle m’a dit oui. Je sais qu’il ne reste plus que très peu de temps pour porter l’estocade. Je m’approche de son oreille et lui demande l’autorisation de l’embrasser. Elle rit et me dit : « si tu me l’avais pas demandé, j’allais le faire ». Et nous nous sommes embrassés longuement et intensément.


A suivre


Table des chapitres


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Cette fois-ci j’arrive à temps pour le premier épisode.
Et j’ai beaucoup aimé. J’ai envie de savoir la suite alors j’espere Que je ne vais pas rater le prochain.

grosso modo, c'est un chapitre par jour @deboas :-)

Vous faites véritablement preuve d'un esprit très créatif ! Upvoté à 100% !

@francosteemvotes merci beaucoup mais lisez le chapitre 2 pour mieux apprécier jusqu'où je vais vous emmener :-))))) Et on n'est pas rendu comme on dit!!!!

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