Le voyage au bout du monde • chapitre 6

Le cartésien a repris ses esprits. Si Nathalie nous a trouvé une solution pour l’hébergement, et pour une somme modique, je n’ai rien en cash. Pas de chéquier non plus. L’habitude de ne vivre qu’avec une carte bancaire. Idée saugrenue sur une île comme l’île de Sein qui bien entendu ne possède aucun distributeur ni banque. Décidément, je cumule.

Comme d’habitude, Marine ne dit pas un mot. On ne critique pas papa. Des fois, cette attitude m’horripile mais l’image du père omni potent est bien là. C’est couillon, j’avais réussi à nouer un lien avec ma fille et là, je suis juste comme un idiot. J’explique à Nathalie ma problématique pour régler le prix de ma chambre. Elle rit.

Nathalie comme tous les iliens a changé. Le bateau est reparti. Maintenant, nous sommes tous iliens. Nous avec. Il n’y a plus que cette solidarité interne pour nous sauver. Ce n’est donc plus la commerçante qui nous parle mais notre guide. « Pas de soucis, vous me réglerez moi en carte et je la rembourserai ». Et elle ajoute : « profitez du spectacle, c’est un gros coefficient! »

Bien! Il ne reste plus qu’à profiter alors! Et je me recommande une deuxième bière. Quand soudain une dizaine de bambins déboule sur le quai, tous en combinaison. Mais ils sortent d’où ces gamins? On n’a vu personne de la journée et en quelques minutes, le quai s’anime. Les bambins se jettent dans les vagues, sous l’oeil paternaliste des vieux venus les surveiller et se raconter leur journée.

Je commence à apprécier d’avoir loupé le bateau. L’aventure commence vraiment… Je le sens et j’empoigne l’appareil photo. Nous sommes iliens maintenant! Les vagues passent par dessus la jetée et s’éclatent sur les façades des maisons. Les mômes jouent à les éviter. Les vieux sont retranchés au coin d’une ruelle. Avec toujours un oeil sur les marmots.