A la poursuite de l'aventure 5

in #fr6 years ago


Mali : Sur la piste de Gao Mali

Le Mali s’ouvrait à nous après une série de formalités dignes d’un livre à elles seules. A la décharge des administrations respectives elle n’était ni à notre nom ni de notre nationalité et bien entendu nous n’avions pas pris la précaution de faire nos visas pour le Mali avant de partir. C’était le pays où nous pensions vendre avec profit notre vieille Mercédès acheté en Allemagne, retapée en France et qui cheminait, depuis trop longtemps, sur les pistes sablonneuses du sud Algérien (Voir article précédent).

L’arrivée au Mali nous donnait beaucoup d’espoir de conclure comme prévu cette aventure. Nous étions fatigués. Fatigués de cette avancée compliquée et parfois monotone ; fatigués du stress de la panne définitive toujours menaçante ; fatigués de la peur de se perdre dans le désert des déserts, fatigués de la chaleur et des privations quotidiennes.

* * * * *

Là oú l’on change … sans changer

Le douanier nous ouvrant la porte symbolique du pays implantât en nous une période d’euphorie, état agréable mais aussi intense que bref. Le fait de changer de pays n’allait pas changer notre quotidien immédiatement. La frontière, tracée à la règle sur la carte de l’Afrique, si étonnante par sa droititude ne changeait pas la géographie comme l’aurait fait une frontière naturelle comme un montagne ou parfois un fleuve. Nous le réalisâmes dés le premier ensablement, nous avions fait à peine un kilomètre et la routine reprenait ses droits. Sortir les plaques à sable, creuser, avancer, ajouter de l’eau dans le radiateur et recommencer.

Ce serait mentir que de prétendre qu’il n’y eut pas un peu de découragement. Comment avions nous pu être si naïfs, si mal renseignés ? On s’était tellement focalisés sur cet objectif important, générant notre motivation quotidienne sur son atteinte que nous en avions oublié qu’il n’était qu’un objectif intermédiaire. Pour autant nous n’avions guère le choix. Pas de bouton pause sur lequel appuyer pour revenir au point de départ, pas de joker pour laisser l’aventure, pas de téléphone satellite ou autre balise de secours. Revenir en arrière était aussi compliqué que continuer. De gré ou de force il fallait poursuivre ou se laisser mourir sur place.

Nous nous sommes décidés pour la première solution ce qui me permet de le raconter aujourd’hui. C’est dans ces cas là que l’on est content de ne pas être seul mais avec un ami avec lequel partager les difficultés. Si l’un se décourageait l’autre prenait les choses en main et vice versa. Le prochain objectif est apparu au fil des heures, il a surgit comme une évidence de notre carte routière usée de l’Afrique. Il fallait arriver jusqu’à Cercle de Bourem puis Gao, on estimait la distance à environ 500 kilomètres.

Oú l'on s'approche du fleuve Niger

A ce niveau de l’aventure j’avais perdu le décompte des jours, tous se ressemblaient, tous étaient identiques. Il faut dire que lorsque l’on est étudiant on bénéficie de longues vacances et que, si l’on rate la rentrée, ce n’est pas un drame non plus. Au Cercle de Bourem, que nous avons fini par atteindre, nous avons trouvé un hameau désertique, désolé. Nous rentrions pourtant en zone d’influence du fleuve Niger, faisant sa longue boucle dans le Sahara qui le repoussera finalement vers le sud dans une lutte titanesque entre le sable et l’eau. Pour nous cela voulait dire que nous avions vaincu le Sahara, là oú le fleuve Niger avait échoué nous avions réussis.

Un monsieur s’est présenté, avant même que l’on ait pris conscience de notre arrivée. Il proposait de racheter la voiture. Le trafic était bien plus intense que ce que nous pensions. Très amical au départ il s’est fait menaçant devant notre refus. Il prétendait contrôler le marché des voitures venant d’Europe de Gao à Bamako. Il menaçait de faire en sorte que personne n’achète notre voiture si nous la lui refusions. Pour nos plans c’était trop tôt nous avions fait le plus dur nous voulions arriver au minimum à Gao. De plus le prix proposé ne nous satisfaisait pas. Prétendant vouloir aller jusqu’au Togo nous réussîmes, à grande peine, à nous défaire de l’importun personnage.

Cercle de Bourem - Gao était une petite étape que nous surmontâmes avec l’enthousiasme que vous pouvez imaginer. Gao était une ville, la première depuis longtemps, agréable pour sa géographie. Mais Gao était victime de bandes de voleurs armés qui s’attaquaient aux voitures, la police conseillait de déposer la voiture dans leur cours pour la nuit. C’était en réalité surtout vrai pour les voitures tout terrain mais nous nous exécutâmes.

Oú l'on se sépare de notre Mercédés

Nous approchions de la décision, soit vendre maintenant soit descendre beaucoup plus au sud par des routes maintenant faciles et goudronnées pour la plupart. La seconde solution était la plus rentable, nous pouvions vendre plus cher et très prés d’un aéroport pour gérer notre retour à l’université qui nous attendait. Elle avait cependant un inconvénient, nous avions envie de visiter Tombouctou, encore lointaine et inaccessible avec notre voiture. Je ne me méfais pas encore à cette époque de l’attrait souvent injustifié de ces noms mythiques et imaginais encore moins que j’aurais bien plus tard l’occasion de revenir souvent dans ces régions.

Devant notre hésitation, un acheteur qui étrangement avait repérer la voiture dans la cours de la police nous proposa un prix accompagné d’un voyage de Gao à Tombouctou et de Tombouctou à Bamako en passant par Mopti, Djenné … Le prix une foi âprement négocié, n’était évidemment pas ce que l’on aurait pu espérer mais bien suffisant pour payer la fin du voyage et les billets de retour. Nous acceptâmes après une soirée de délibération de nous séparer de notre Mercédés avec un petit pincement au cœur. Le lendemain, argent en poche, ou plutôt dans le sac (il n’y a pas de gros billet et le montant représentait un certain volume), nous embarquions sur un camion qui partait livrer des pâtes alimentaires, venant de Libye ou de Tunisie, je n’ai pas bien compris, vers la cité mythique.

* * * * *

Nous devions juste suivre le cours du fleuve Niger, dans la direction de sa source si lointaine. Il fallait repasser par Cercle de Bourem oú nous nous fîmes discrets pour éviter une rencontre avec notre acheteur débouté et agressif. La piste était ensablée mais nous n’étions plus responsables de notre véhicule. Quel plaisir de se laisser vivre sans penser á tous ces problème de température moteur, mettre de l’eau, rafraichir je ne sais quoi, réparer une crevaison, se désensabler … La vision du fleuve de loin en loin était rassurante, l’eau c’est la vie et instinctivement on le sentait.

Tombouctou nous attendait et nous profitions du voyage.

Sort:  

Y'a plus simple pour sécher les cours !!

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !

Très intéressant comme d'habitude.
Quand tu auras rassemblé tous les épisodes tu pourras peut être en faire un livre. Le récit de tes aventures.

Merci @patricklemarie, on peut toujours faire un livre mais de là à avoir le talent pour intéresser les gens à le lire c'est une autre paire de manche.

Malgré une dure confrontation à la réalité du terrain, vous nous contez la une magnifique épopée ! Upvoté à 100% !

J'aime beaucoup, vraiment intéressant et bien écrit ! J'arrive seulement au 5eme article mais je vais aller lire les autres ;)
Je rejoins @patricklemarie, je suis sûr qu'un livre, illustré de jolies illustrations serait extrêmement intéressant ;)

Merci beaucoup pour ton commentaire @clement.poiret . Les illustrations sont difficiles, de vieilles photos argentiques jaunies dans des albums depuis plus de 30 ans .... ceci dit cela doit être plaisant d'écrire, on sait jamais, si l'occasion se présente !

Ça peut justement donner un côté authentique :)

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