A la poursuite de l'aventure 2
Nous étions, Pascal et moi, à la recherche d’une vieille Mercédès dans le but de la retaper et de partir la revendre en Afrique pour financer notre voyage. Je racontais dans le premier épisode comment nous avions décidé de ce projet et passé presque un an pour réunir les fonds nécessaires à sa réalisation. Il s’agissait maintenant de faire vite, nous approchions de la fin d’année et le départ était prévu pour le printemps. Il fallait encore acheter la voiture, la retaper, faire faire les premiers passeports de notre jeune vie, se renseigner sur les trajets possibles … En cet automne pluvieux, il valait mieux ne pas y penser et prendre les problèmes un par un.
Notre première voiture
C’est en Allemagne que nous avons trouvé notre bonheur. La voiture était vielle mais en état de marche, ce qui allait nous permettre de la ramener à Montpellier pour lui refaire une beauté et un peu de maintenance. Pour diminuer les frais du voyage un seul d’entre nous allait voir le véhicule, décider, ou non, de l’achat et le ramener. Pascal était le plus qualifié de nous deux et il avait son permis alors que je venais à peine de m’inscrire à l’autoécole, un petit mois avant mes 18 ans. Pascal est parti en stop de Montpellier pour Munich. Le stop c’était un peu le blablacar de l’époque mais en gratuit. Les gens s’arrêtaient pour rendre service sachant que les jeunes avaient souvent des moyens limités. En une semaine qui m’a parue un mois et quelques mésaventures de peu d’intérêt, il était de retour avec l’objet convoité.
Il faut revenir rapidement sur la semaine d’attente qui m’a semblée si longue. Longue parce que je ne savais pas si le projet avançait, si Pascal était arrivé, avait choisi d’acheter ou pas. Difficile aujourd’hui d’imaginer que je sois resté tout ce temps sans aucune nouvelle de mon ami. Les téléphones portables n’existaient pas. Je ne parle même pas d’internet que seuls les militaires connaissaient peut-être. Le téléphone fixe était cher, surtout en international, et notre politique excluait le superflu, chaque Franc économisé était un pas vers l’Afrique. Semaine interminable.
Le défi de la préparation
Il allait falloir tricher un peu avec les papiers, Pascal avait négocié avec l’ancien propriétaire de garder les papiers Allemand quelques temps. Ce n’était pas très carré mais on jouissait encore d’une certaine liberté en ce temps là. La société tolérait encore la notion d’aventure humaine, celle qui loin du spectaculaire, donnait un sens à un parcours de vie. La débrouillardise, pour pallier au manque de moyens financiers, était vue comme une qualité pas comme une fraude, surtout quand elle venait de jeunes, logiquement avec de petits moyens.
Côté parents c’était un peu différents, eux ne voyaient ni le côte formateur de l’opération ni les bienfaits de la rencontre de notre rêve et la réalité. Je dois confesser de mon côté, une énorme part de mensonge, ramenant l’aventure à une simple promenade de santé. Ce mensonge pour la bonne cause m’a surement était pardonné, sinon il y a prescription.
Nous avons travaillé comme des fous, nuits après nuits, pour rendre notre Mercédès présentable, capable d’affronter la route et le désert. Si les nuits de l’année précédente avaient été festives (Voir 1er épisode), celles de la préparation mécanique furent noires de cambouis. Le contrôle technique n’existait pas, il aurait mis fin à notre rêve, interdisant aux jeunes débrouillards d’avoir un moyen de transport et de rêver plus loin. Croyez moi, nous faisions attention, nous n’avions pas envie de casser notre rêve. La liberté génère une responsabilité que ne remplaceront jamais les systèmes de sanctions.
Notre voyage avait éveillé beaucoup de sympathie et nombreuses ont été les petites aides spontanées. Un tel savait réparer telle pièce, le père d’un autre pouvait nous avoir des pneus á un prix imbattable, un troisième nous fournirait des échantillons alimentaires qui rempliront notre coffre. C’est au fin fond d’une casse que nous avons enfin déniché deux plaques à sable. En ferraille pure, rouillées à souhait. C’est avec le regard de l’enfant découvrant ses jouets de Noël que nous les avons extraites du chaos oú elles reposaient en paix, pour leur offrir une nouvelle carrière. Le prix allait décroissant alors que nous racontions notre histoire. Nous avions su faire rêver le propriétaire ou peut-être était ce chez lui aussi un vieux rêve inassouvi ?
Côté voiture nous n’étions pas mal, l’état était correct, nous avions pas mal de pièces de rechange et une boîte à outils, des stocks d’huile et de l’eau pour le moteur, l’équipement nécessaire pour rouler dans le sable, réparer les pneus.
L'itinéraire
En février je passais mon permis de conduire avec succès. Pascal m’avait préparé directement sur la Mercédès. Après deux heures de cours, l’auto-école m’avait présenté à l’examen. Pas très doué pour les créneaux, le seul réussi était celui de l’examen, mais dans le Sahara cela ne me ferait pas défaut. Les passeports étaient encours de réalisation, tout allait pour le mieux.
Depuis un an que l’on en rêvait nous avions évoqué, bien entendu, les différentes routes possibles. Chaque choix était un déchirement. Si nous visions le Sénégal nous ne verrions pas l’Algérie, si nous choisissions l’Algérie nous perdrions la Mauritanie. La voie facile était certainement celle de la côte, c’est probablement pour cela que l’on choisit l’autre. Nous allions traverser l’Algérie et déboucher au Mali. Ensuite nous aviserions selon la caisse de bord. On disait que plus on descendait vers le sud plus cher se vendait la voiture, mais dés Gao, nous devrions trouver acquéreur.
Le printemps arrivait à grand pas. Au niveau scolaire l’année n’avait pas été, c’est le moins que l’on puisse dire, brillante. Chaque jour nous pensions á des milliers de choses que nous avions oubliées. Je me suis rendu compte, plus tard, que c’est pareil avant chaque expédition. On a toujours l’impression que l’on n’est pas encore prêt, on voudrait prévoir tous les cas, améliorer tous les points. Au final, si on se laisse diriger par ce sentiment on ne part jamais.
Nous ne nous sommes pas laissé endormir, dans les premiers jours de mai, le voyage commençait, comme il se doit, à l’aurore. La traversée de l’Espagne ne m’a laissé que le souvenir d’un sommeil permanent. Nous nous relayons au volant et roulions à plein temps. Dans le sud nous avons passé le restant de la nuit dans la voiture en attendant l’ouverture des guichets proposant des ferries pour Alger. C’est là que l’aventure allait vraiment commencer, un peu comme pour le Paris Dakar, l’Europe n’avait été qu’une étape de jonction.
"La liberté génère une responsabilité que ne remplaceront jamais les systèmes de sanctions." CA, J'AIME !!!
Merci pour ce récit captivant et passionnant comme d'habitude.
Ah le stop de mes belles années !
Merci à toi pour l'avoir lu @patricklemarie, je vois que tu as également pratiquer assidûment le stop en son temps. Il y avait même un gars qui avait fait le tour du monde en stop.
Une bien belle histoire rédigé avec talent ! Upvoté à 100% !
Merci @francosteemvotes
In russia there is a car ГАЗ-24 Волга
is very similar
Nice car, shame the same adventure isn't posible now. Probably between others countries
Upvote this for me please? https://steemit.com/christianity/@bible.com/verse-of-the-day-hebrews-4-16-nlt