Gros poisson allant jusqu'à 1,2m de longueur et extrêmement flashy, le poisson perroquet vit dans les zones tropicales de nos océans, au niveau des récifs coralliens. Poisson Perroquet est le nom français accordé à la famille des Scaridae qui est composé de 80 espèces, ce qui explique la diversité entre les différentes populations, notamment au niveau de la taille et de la couleur.

Il faut savoir que le terme de poisson est utilisé uniquement pour décrire une morphologie globale (aquatique, écailles, nageoire caudale verticale …) mais ils ne représentent pas un groupe biologique à proprement dit car leur lignée est paraphylétique. C'est à dire que certains poissons – les Coelacanthes – sont plus proches de la vache que du thon, on ne peut donc pas les mettre tous dans un même groupe.

Facilement reconnaissable grâce à leur bec caractéristique d'où ils tirent leur nom, celui-ci étant formé de dents fusionnées aux mâchoires. Ce bec est utilisé pour gratter les algues et la partie molle du corail dont il se nourrit. Sa mâchoire est assez puissante pour laisser des cicatrices visibles sur le corail, je vous déconseille donc d'y mettre les doigts.

Zoom sur le bec d'un poisson perroquet, par Disney Nature.

Bien qu’intéressant, ce n'est pas de son comportement de nutrition dont nous allons parler mais de sa reproduction particulière nommé protogynie.

Proto-quoi ?

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Les Scaridae sont hermaphrodites successifs protogyne probablement diandrique.. Quelle dénomination barbare.. T'en va pas tout de suite je vais m'expliquer !

En fait, il existe deux sortes de mâles : ceux naissant non genrés devenant des mâles une fois la phase adulte atteinte (nommés mâles primaires) et ceux qui étaient femelles de naissance mais ont subit des modifications pour devenir mâle (les mâles secondaires). C'est ce qu'on nomme la diandrie.

Par hermaphrodisme successif on entend donc qu'un individu peut, au cours de sa vie, posséder l'appareil reproducteur et l'aspect des deux sexes. Cependant contrairement aux escargots, le poisson perroquet ne peut pas être mâle et femelle au même moment. Le changement ne se fait qu'une seule fois des mois voire des années après sa naissance et est irréversible.

Finalement c'est ça la protogynie.
Les femelles ont la possibilité de devenir mâle en cas de besoin.

Il existe aussi l'inverse, des animaux dont les mâles deviennent des femelle, cela se nomme la protandrie. C'est le cas notamment des poissons clowns.

Influences naturelles et anthropiques du changement de sexe

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Le cycle lunaire à une grande importance chez certaines espèces de Scaridae, en effet, lorsque les jours se raccourcissent, la reproduction est moins importante. C'est au printemps que certaines femelles deviennent des mâles.

Lorsqu'un mâle dominant meurt au combat, un mâle dominé prend sa place. A ce moment là un non genré ou une femelle va prendre la place du dominé récemment promu.

La diminution du nombre de femelles entraîne une intensification de la hiérarchie présente entre les mâles, ceux étant dominés arrêtent de se reproduire lorsque la population atteint un taux de femelle trop faible. On peut dès lors penser à la problématique de la surpêche. Étant comestible les poissons perroquet sont péchés dans de nombreuses régions du monde. Le problème étant qu'en prélevant trop de femelles nous risquons de perturber les reproductions et la proportion mâles / femelles.

Poisson perroquet grillé au lato, Palawan © Camille Oger

En ce moments de nombreuses études voient le jour au sujet des perturbateurs endocriniens qui pourraient être responsables de changement de sexe précoces.

Pour finir, on en parle souvent, mais comme toutes les espèces dépendantes des récifs coralliens, ces animaux souffrent du réchauffement climatique et de la pollution de l'eau. Le corail meurt en grande quantité à cause de l'acidification et l'augmentation de la température des océans entraînant une perte d'habitat et de lieu de reproduction. Chaque mâle ayant un territoire définit en fonction de sa place dans la hiérarchie, la perte de celui-ci pourrait avoir des conséquences sur les interactions sociales - comme les combats - mais aussi sur la reproduction et par un effet en cascade sur la proportion mâles / femelles.

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Merci à vous d'avoir lu, j'espère avoir réussi à vulgariser au mieux les termes barbares liés à la reproduction animale et vous avoir fait découvrir une autre petite curiosité de l'évolution.

J'ai pris beaucoup de plaisir à faire cet article qui m'a permis de lier l'utile à l'agréable puisque l'hermaphrodisme à été le sujet de mon cours de la semaine dernière, me permettant d'approfondir le sujet. Comme d'habitude n'hésitez pas à faire des suggestions si vous voulez que j'aborde une curiosité que vous aimez ou ne comprenez pas.

A très bientôt !

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02 - Elysia voguant entre animal et végétal
03 - Des carnivores végétariens, étude du Panda géant
04 – Pris au piège dans le crachat du velvet worm
05 – Comment survivre à la congélation
06 - Dans la tête de Woodpecker

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Pour en savoir plus :

• [EN] Parrot fish. Encyclopædia Britannica, September, 2014

• [FR] « Éthologie/Ethology: Comportements reproducteurs du labre oiseau Gomphosus caeruleus dans un récif de l’île de la Réunion : mode de reproduction, facteurs environnementaux et alternance des stratégies reproductrices » par Desvignes Thomas, Bourjon Philippe, Chanet Bruno.

• [FR/EN] « Diet and niche breadth variation in the marbled parrotfish, Leptoscarus vaigiensis, among coral reef sites in Kenya. » by Locham, Albert G., Kaunda-Arara Boaz, Wakibia Joseph G., Muya Shadrack, in African Journal of Ecology ; December 2015

Source des images

• image 1
• Disney Nature
• Poisson perroquet grillé au lato, Palawan © Camille Oger, article ici