Pourquoi Love Exposure est le meilleur film du monde ?
Salut à toi, lecteur ! Je suis Quentin, un étudiant ingénieur qui aime le ciné. Je débarque sur Steemit donc n'hésitez pas dire ce que vous avez pensez de l'article en commentaire ! Dans cette série d’articles "Pourquoi ... est le meilleur film du monde ?" je vais vous parler de films qui m’ont particulièrement marqués afin de se rappeler que dans ce monde plein de remake de reboot du préquel du spin off il existe heureusement des pépites qui sont là pour remonter le niveau et nous rappeler pourquoi nous sommes autant fasciné par la grande toile… En avant donc pour parler du meilleur film du monde, je parle bien sûr de Love Exposure !
Note: vous pouvez retrouver cette article sur le site Error 404
Réalisateur : Sion Sono
Acteurs : Makiko Watanabe, Itsuji Itao, Hikari Mitsushima, Takahiro Nishijima
Genre : Comédie, Drame, Action, Romance
Nationalité : Japonais
Durée : 3h57
Sortie : 29 novembre 2008 au Japon (27 mars 2013 en France en VOD)
Synopsis : Fils d’un prêtre respecté, Yu intègre un groupe de pervers professionnels afin de vivre dans le péché. Malgré une vie de débauche, le jeune homme ne désespère pas de trouver l’âme sœur. Sa rencontre avec Yoko, dont l’innocence bafouée n’a d’égal que sa haine pour la gent masculine, va propulser le jeune homme bien au-delà des limites du bien et du mal…
Sono (dé)tonne
Comment parler de Love Exposure sans évoquer au préalable son réalisateur, ce grand malade qu’est Sion Sono ? Après des études de ciné à Tokyo, le jeune Sion commence à réaliser des courts métrages dans les années 90 puis enchaine les tournages avant d’acquérir une certaine notoriété à partir de 2001 avec la sortie de Suicide Club (rien à voir avec le film avec Brad Pitt). À partir de là l’artiste enchaine les films avec une moyenne de deux par ans, jusqu’à quatre (!!) en 2015.
Mais alors d’où vient cette fougue ? Après son succès en 2001 le japonais aurait pu se reposer sur ses lauriers ou bien faire comme la plupart de ses confrères et sortir un film de temps en temps. Ou bien est-ce à cause de raisons bassement pécuniaire ? Même si son nom est familier des cinéphiles, le gus ne roule pas sur l’or… Non, Sion Sono n’est pas de ce genre-là. Sono est un poète, un artiste passionnellement engagé dans son art. On pourrait prendre Sono pour un illuminé -que penser de ses happenings avec son collectif dans les rues de Tokyo lors desquels il hurlait des poèmes sur l’état de la société japonaise- mais son intérêt et ses engagements ne sont pas politique. Pour Sono le plus important est l’émotion. En tant que poète tous son art vise à suggérer, à transmettre des émotions. Il faut aller au-delà de la façade provocatrice et survoltée que nous proposent les œuvres de Sono pour y trouver ses thématiques favorites : le malaise de la jeunesse, les problèmes dans la famille et surtout une fascination pour le thème de l’amour.
Hentaïé*
D’abord pour le spectateur occidental que nous sommes le film est bien déroutant. Une plongée de 4h dans un Japon plein de hentai (« pervers » dans la langue de Naruto), de fanatiques religieux, de tirades incroyables, de bastons endiablées et de quêtes d’idéaux. Le chef d’œuvre de Sono ne laisse aucun répit et nous happe littéralement dans son délire jusqu’à son générique, explosant au passage tous les codes -cinématographiques comme moraux-. Jamais un film au cinéma n’aura tellement donné envie de le revoir encore et encore pour ne jamais quitter cet OVNI du cinéma.
Le film commence avec une relation père-fils agressive et dysfonctionnelle. La mort de la mère conduit le père dans les ordres, où il devient un prêtre impitoyable, légitimant sa relation avec Dieu en étant extrêmement strict avec son fils Yu. Celui-ci doit confesser ses pêchers à son père tous les jours. Au début, il se comporte mal pour avoir des choses à raconter à son père et ainsi se rapprocher un peu de lui. Mais rapidement, il perd toute notion de bien et de mal : ainsi commence alors sa carrière de hentai. Étant au Japon, son chemin initiatique le mène tout naturellement à un groupe de photographes ninja qui réalise des photos de culotes d'adolescentes grâce à des techniques ancestrales à base de backflips, de glissades et de saltos. Parce que… pourquoi pas ! Et encore, cette aventure ne représente qu’un des chapitres du film, avant la rencontre de la jolie Yoko : la « Marie » que recherche Yu. Raconter l’histoire de Love Exposure est probablement une tâche aussi longue que le film tant sa richesse narrative est grande. Chaque morceau de cette fresque est passionnant, poignante, drôle et émouvante à la fois. Le sens du rythme et du montage de son réalisateur ne la rend jamais ennuyante, au contraire on s’éclate tout du long.
Something for your mind
« Bon d’accord, Love Exposure est fun, super bien rythmé et a une histoire passionnante mais est-ce tout ? » me demanderiez-vous, lecteurs impétueux que vous êtes. Non bien sûr, la richesse du film se retrouve aussi dans les messages qu’il cherche à nous faire passer.
Sono s’attaque d’abord à la religion. Il présente d’abord un prêtre implacable avec le personnage du père de Yu avant de le faire succomber à une prostituée qu’il va marier en deux-deux. Pas très chrétien ce prêtre me diriez-vous ? Mais ça n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Chaque fois que Yu parle de sa « Marie » la musique que l’on entend est une musique religieuse mais qui vient de la communauté de Taizé : un groupe religieux qui mélange christianisme, catholicisme, protestantisme, orthodoxie… Sono met tous les chrétiens dans le même panier et s’en moque avec une désinvolture friponne (quel polisson), il va jusqu’à la parodie avec « l’Eglise Zéro », une secte qui lave le cerveaux de ses fidèles. Mais au-delà des piques blasphématoires du film se cache en réalité une certaine fascination, une forme de respect pour le sacré, Yu dit bien à Yoko « Si tu veux un guide spirituel tu peux choisir Bouddha, Mahomet ou Jésus ! Tout mais pas l’Eglise Zéro ! ». La religion est bonne tant quel respecte la seule vrai religion de l’homme : la passion.
L’élément le plus choquant, qui risquerait de nous empêcher toute identification avec le héros est sans doute le thème de la perversité. Mais ici encore Sono s’en sort en exagérant tout et en traitant sur le ton de la comédie les pratiques perverses de la team de Yu. Sans trop spoiler, Love Exposure nous parle aussi de folie, d’endoctrinement, de lesbianisme, le travestissement, etc. Bref, de quoi vous triturer les méninges pendant un petit moment : le film ne se laissera pas oublier facilement !
… Mais la plus grande de ces choses, c'est l'amour.
Vous rappelez vous quand on disait que l’intérêt principal de Sono n’était pas de dénoncer ni de critiquer mais de célébrer les émotions ? Et bien nous y voilà. Certes le film propose une forme ludique en exacerbant toutes les réactions de ses personnages -le pauvre Takahiro Nishijima a probablement le record d’érection dans un film non-pornographique- et en faisant de chaque scène un mini court métrage qui se suffirait à lui-même tout en veillant à la cohérence du tout. Certes ce film-fleuve propose des réflexions mais le cœur de l’œuvre se situe justement là, dans le cœur. Ici tout n’est que passion, de la quête d’idéal de Yu aux errances amoureuses de la mère de Yoko en passant par les manipulations de la fille au perroquet (Aya)... Tous les personnages cherchent finalement la même chose : se sentir en vie en échappant aux règles morales (religieuses, familiales, …). Malgré la diversité des histoires racontées dans le film, la recherche de l’amour y est centrale. La romance n’est pas mielleuse comme dans les rom-coms américaines à la Love Actually mais se construit plutôt dans le sang, la sueur et le sperme pour faire référence à un célèbre parfum. Le sang pour le gore qu’affectionne Sion Sono - Love Exposure est le premier épisode de sa « Trilogie de la Haine » avec l’impitoyable Cold Fish (2010) puis Guilty of romance (2011) -, tous deux très gore. La sueur pour l’énergie incroyable que déploient les personnages chez Sono pour accomplir leurs desseins. Enfin le sperme pour l’impertinence somme toute très japonaise du film, avec ses triques en pagaye, ses culottes qui se dévoilent à tout va et plus globalement l’omniprésence des références au sexe.
Alliant une réalisation déjantée et sans-limite à une richesse narrative incroyable, Love Exposure s’impose comme un instant classic comme on dit à Outre-Manche. Une telle générosité tant visuelle que thématique impose le respect. A l’instar de Yu, on a trouvé notre « Marie », cinématographique celle-là mais qui file autant la trique. Comment terminer cet article sans évoquer la scène la plus marquante du film ? Ce monologue biblique de Yoko sur une plage est à la fois bouleversant et magnifique, il se termine par cette phrase qui, à mon sens, résume parfaitement le film : « Trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l'amour… Mais la plus grande de ces choses, c'est l'amour ».
À la prochaine pour parler, cette fois, du meilleur film du monde.
*Merci zephsk pour l’inspiration pour ce titre (ici)
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