Crypto-monnaies : la mauvaise expérience utilisateur

Avertissement : dans cet article, je fais référence à beaucoup de sites externes car je souhaite être clair sur les idées et termes employés.  Ces sites sont généralement destinés aux professionnels de l'informatique : vous n'êtes pas obligés de les visiter ou de rechercher plus de détails sur Internet.

En règle générale, être utilisateur d'une ou plusieurs crypto-monnaies offre une bonne expérience utilisateur. Que signifie ce terme ?

En matière d'interface entre l'homme (au sens genre humain) et la machine, on considère que l'expérience utilisateur est mesurable selon plusieurs critères, dont :  

• L'ergonomie 
• La qualité. Celle-ci peut regrouper plusieurs niveaux mesurables : disponibilité, garanties diverses, fiabilité. On peut penser aux nombreuses normes internationales, transposables dans le monde des crypto-monnaies. 
• Le temps de réponse (la réactivité). 
• Les fonctionnalités accessibles (en écartant les fonctionnalités avancées, nécessitant un niveau d'expertise ou l'hébergement d'un nœud de la chaîne de blocs). 
• La sécurité. Parfois incluse dans le critère « qualité », par exemple pour la mesure de la disponibilité. Ici je préfère me reporter à la classification DICT : http://securid.novaclic.com/securite-internet/les-criteres-de-classification-de-l%E2%80%99information-dicp.html. 
• Le prix (le coût d'usage). 

Un site pour aller plus loin sur ce sujet : http://ux-fr.com/experience-utilisateur-definition/. Les critères y sont un peu différents de ceux que j'énumère ; sachant que de mon côté, je m'inspire beaucoup des bonnes pratiques ITIL : http://www.lemagit.fr/definition/ITIL.

De plus, on peut ajouter une variable « temps » qui empire l'expérience utilisateur. Ce temps représente 2 possibilités :  

• La durée pendant laquelle le désagrément opère. Cela peut parfois être plusieurs jours, comme avec Bitcoin ou Ethereum en 2017, dont les transaction furent fortement ralenties. 
• La répétitivité (ou périodicité) du désagrément. Par exemple, pour les utilisateurs de sites d'échange comme Bitfinex, les indisponibilités de service sont fréquentes ; sans que ce soit nécessairement la faute de Bitfinex, d'ailleurs. 

Donc, il arrive de temps à autre que l'expérience utilisateur soit mise à mal. Dans ces cas, un ou plusieurs des critères énumérés au début de l'article ne sont pas respectés.

Quelles sont les principales situations désagréables ?  

• Augmentation du délai de transaction : les chaînes de blocs sont imaginées pour fonctionner selon une cadence précise de validation des transactions. Cela va de quelques secondes (par exemple pour Bitshares ou Monero) à quelques minutes (toutes les crypto-monnaies utilisant la chaîne de blocs du Bitcoin). Or, dans le cas d'une congestion (trop d'utilisateurs simultanément), la chaîne de bloc continue de fonctionner selon sa cadence, mais n'est plus capable d'inclure toutes les transactions dans les délais impartis ! Elle les diffère ou les reporte. Rassurez-vous, votre transaction sera traitée, mais quand ? On peut facilement passer de quelques minutes d'attente à plusieurs heures, voire plusieurs jours ! 
• Montant des frais de transaction : il s'agit d'une caractéristique souvent oubliée par les utilisateurs. Pourtant, à fonctionnalités comparables,les crypto-monnaies facturent des frais bien différents. Si vous n'investissez pas et voulez simplement transmettre un montant à une personne distante, pourquoi payer plus ? Mon conseil est de convertir ces frais dans votre monnaie usuelle et de bien les comparer entre-eux. Même raisonnement si vous voyagez et souhaitez payer vos dépenses pendant quelques jours ou semaines. Sortez du monolitique Bitcoin : d'autres crypto-monnaies sont acceptées dans des magasins, comme Litecoin, Ethereum ou Dash. 
• Mauvais destinataire : imparable ! Sachez et rappelez-vous bien qu'aucune transaction n'est réversible. Compte-tenu du mode de fonctionnement des chaînes de blocs, ce qui est écrit ne peut plus jamais être effacé... Si vous vous êtes trompé de destinataire, c'est trop tard pour vous ! Et ce monde n'est pas celui des banques : il n'y a aucun chargé de clientèle ou centre d'appel pour déposer une réclamation… En revanche, les chaînes de blocs sont extrêmement fiables, sinon leur existence-même serait remise en cause : si vous saisissez l'adresse « abc », il n'y a aucun risque pour que la transaction aboutisse chez « abd ». 
• Impossibilité de rejoindre le réseau : plusieurs cas de figure sont possibles, mais le résultat est le même. Le cas le plus courant est l'indisponibilité du site qui héberge votre porte-monnaie électronique. C'est pourquoi il est recommandé de conserver à long terme ses cryptos dans un porte-monnaie autonome sur PC ou smartphone. Les logiciels les plus célèbres sont : Jaxx, Electrum, Exodus, Mycelium. D'autres sont également disponibles pour telle ou telle chaîne de blocs,sans m'étendre sur le sujet. L'autre cas de figure est l'impossibilité de se raccorder au réseau lorsqu'on utilise un nœud mutualisé. Ce mode est pratique, car vous disposez de votre propre porte-monnaie, mais sans télécharger toute la chaîne de blocs. L'inconvénient est la limitation (il y en a forcément une) du nombre d'utilisateur par nœud. Et bien évidemment, les nœuds référencés sont loin d'être nombreux… Seule parade à cette situation : créer son propre nœud, ce qui permet d'avoir toujours accès au réseau, voire de passer ses transactions en l'absence temporaire d'Internet : votre nœud se synchronise automatiquement dès que possible. Pensez à cette solution si vous utilisez un PC portable avec du Wi-Fi de temps à autre. 
• Mise-à-jour fondamentale du code : un désagrément bien énervant, car il peut durer plusieurs jours ! Oh, pas la mise-à-jour elle-même, mais la réaction des gens : pensez au « halving » du Bitcoin en 2016 (http://www.thehalvening.com/index.php?lang=fr_FR#2). Les transactions s'allongeaient, des mineurs abandonnaient le réseau, la valeur du Bitcoin fluctuait énormément… Pensez également au retour arrière pratiqué par Ethereum en 2016 suite l'affaire du crowdfunding « DAO », qui a inquiété les utilisateurs et provoqué la naissance d'une chaîne de blocs dissidente (ETC) ? Dans ce genre de situation, mieux vaut attendre 1 ou 2 semaines que les esprits se soient calmés... 
• Limitation de montée en charge : ce défaut peut être grave ou pas, mais toutes les chaînes de blocs y sont confrontées par essence. En clair, elles ne peuvent plus accepter de transactions au-delà d'un taux mesuré empiriquement dans le meilleur des cas, ou simplement constaté sur le terrain quand la crypto-monnaie est offerte au public. Les conséquences sont celles vues dans les points précédents : augmentation du délai de transaction, impossibilité de rejoindre le réseau. Ce taux de transactions par seconde (TPS) est très difficile à mesurer, mais pour avoir un ordre d'idée en test : Bitcoin a atteint 4 TPS (http://fc16.ifca.ai/bitcoin/papers/CDE+16.pdf), NXT environ 100 TPS (https://www.jelurida.com/nxt-loadtest-results), tandis que Bitshares a frôlé les 3000 TPS avant de se stabiliser autour de 750 TPS (http://docs.bitshares.eu/_downloads/bitshares-stresstest.pdf)... 

Je vous ai proposé ici les principales situations désagréable, la liste n 'étant pas limitée : l'avenir le dira ! J'espère que vous comprendrez mieux le monde des crypto-monnaies, serez capables de les comparer objectivement et d'apprécier leur qualité de service sur le long terme.

Article précédent : https://steemit.com/bitcoin/@banania/types-de-crypto-monnaies-2-2